La fête des bateaux-dragons ou du double cinq a lieu le cinquième jour du cinquième mois lunaire, ce sera donc le 20 juin cette année. Elle s'appelle dans le monde chinois duān wǔ jíe
(端午節), et marque l'entrée dans les jours chauds de l'été et la saison des
épidémies. De nombreuses pratiques destinées à conjurer les démons des maladies sont liées à cette fête. On devait par exemple consommer du vin soufré, xióng huáng jiǔ (雄
黃酒) - cette tradition tend à disparaitre de nos jours, ce vin faisant peut-être autant de victimes que les maladies
infectieuses qu'il devait éviter - les mères confectionnaient de petits sachets de tissu, xiāng bāo (香包) remplis d'une poudre censée protéger
l'enfant qui le porte contre les maladies et les démons... Les sachets retenus par un fil de soie étaient portés autour du cou ou accrochés au vêtement. On décore aussi pour l'occasion la porte
d'entrée avec des herbes protectrices, chāng pú (菖蒲), de l'armoise,
ài cǎo (艾草), et l'effigie d'un dieu pourfendeur de démons, Zhōng
Kuí.
Lorsque le soleil arrive au zénith ce jour-là, l'énergie yang (陽) atteint, paraît-il, son apogée, et les enfants chinois essayent de faire tenir un œuf debout sur sa pointe…sans
utiliser la technique de Christophe Colomb !
Mais la coutume la plus remarquable reste les courses de bateaux en forme de dragon propulsés par des rameurs. La légende la plus répandue relate qu'en 278 avant J.C. un ministre
du royaume de Chu nommé Qu Yuan (屈原), poète à ses heures, se serait suicidé en se jetant dans la rivière Miluo, car il voyait ses avis négligés et son dévouement mis en cause.
Les gens du peuple accoururent au bord du fleuve afin de récupérer sa dépouille, et pour éviter que les poissons ne la mangent, ils jetèrent des boulettes de riz et des haricots dans le fleuve.
Un vieux médecin y versa même du vin de riz pour soûler les animaux aquatiques, tandis que les pêcheurs faisaient force rames pour arriver près du corps de Qu Yuan. Dès lors, la course des
bateaux-dragon, ainsi que les zongzi
(粽子), des boulettes de riz remplies de haricots
rouges, et le vin de riz sont devenus la coutume en Chine, en Corée, au Japon et dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est.
(Photo FyL)