Le baume du Tigre
Le fameux "Baume du tigre", hǔbiao wànjīnyóu, (虎標萬金油), souvent appelé aussi "Baume chinois" est commercialisé partout. Il a été
développé en Birmanie, à Rangoon, dans les années 1870 par Aw Chu Kin, un Hakka venu de Chine, qui exerçait la profession d'herboriste et qui léguera à sa mort en 1908 son officine à ses deux
fils Aw Boon Haw et Aw Boon Par.
Montrant une grande curiosité pour les plantes médicinales et développant les recherches de leur père, ils améliorent la formule originelle et lancent une pommade à base de camphre et de clou de
girofle qui réchauffent ainsi que de menthol et de cajeput qui rafraîchissent. Censée tout soigner, ou presque, elle sera commercialisée à Singapour à partir de 1926 sous la marque Haw Par
Healthcare.
Ce baume miraculeux baptisé "Baume du Tigre" par allusion au nom chinois du premier frère Hú Wénhǔ, Hú signifiant "tigre", eut beaucoup de succès, même si les critiques affirment que cette recette n'est pas inédite et qu'elle s'inspire largement
d'une pommade créée par un médecin et herboriste de l'Empereur de Chine (mais lequel ?).
Ne reculant devant aucun sacrifice pour faire sa "pub", Aw Boon Haw alias Hú Wénhǔ (né en 1882 à Rangoon et mort en 1954 à Hong Kong),
ouvrit à Singapour puis à Hong Kong des jardins publics décorés de nombreux tigres, dragons et autres figures mythologiques, il lancera aussi des journaux (le "Sing Tao" en 1939 et le "Hong Kong
Standard" en 1949), financera de nombreuses écoles en Chine et se montrera généreux mécène pour les cercles littéraires...
Le baume du tigre existe sous deux variétés principales :
Le blanc, utilisé pour les maux de tête, la congestion nasale, les piqûres d'insectes.
Le rouge contient en plus de l'huile essentielle de cannelier de Chine, qui donne sa couleur au baume. Il est utilisé pour les douleurs et contractures musculaires et articulaires, le mal de dos
et l’arthrite, car il aide par son action à faire circuler le sang et l’énergie.
L’efficacité du baume dépend de la qualité du produit ( il y a beaucoup de contrefaçons moins chères, car les ingrédients sont moins concentrés) et de la façon de l’appliquer : il ne faut
pas masser et essayer de faire pénétrer le baume comme avec une pommade traditionnelle, il faut frictionner très vite, avec le tranchant de la main par exemple, comme si on voulait découper la
partie du corps concernée et s’arrêter dès que l’on a une sensation de chaleur, le baume fera le reste.
Bref, grâce à ce "miraculeux" mélange, tous les pratiquants de Tai Ji Quan et de Qi Gong qui se sont montrés trop enthousiastes peuvent soulager leurs muscles et leurs articulations
endolories après les cours!
(Photo FyL)